31 juillet 2007

Du chaos et de l'ordre des choses (p.49)

«ça ne sert à rien d'insister; tu ne le liras pas avant que je l'aie terminé».

Stefan Psenak, Du chaos et de l'ordre des choses, Éditions du Nordir, collection Bibliothèque canadienne-française, 2000, p.49

30 juillet 2007

Du chaos et de l'ordre des choses (p.45)

Chaque jour, de silencieux requiem accompagnent
ses départs. Chaque jour amène un nouveau deuil
qui, croit-il, les rapproche du grand jour. Et rien -
sauf peut-être ce rien dont elle lui a parlé et qu'il
n'a pu trouver - ne saurait entraver l'inéluctable
mécanisme de la fuite.

Stefan Psenak, Du chaos et de l'ordre des choses, Éditions du Nordir, collection Bibliothèque canadienne-française, 2000, p.45

29 juillet 2007

Du chaos et de l'ordre des choses (p.39)

Il cherche ce rien qui lui échappe, qu'il aimerait tant
lui offrir et qui la convaincrait non pas d'abandon-
ner, mais de s'abandonner. Il se dit que la solution
se trouve, à n'en pas douter, à mi-chemin entre le
renoncement à ce rien qui ne veut plus rien dire, et
la quête même de ce rien qui, elle, déborde de sens.

Stefan Psenak, Du chaos et de l'ordre des choses, Éditions du Nordir, collection Bibliothèque canadienne-française, 2000, p.39

28 juillet 2007

Du chaos et de l'ordre des choses (p.38)

Il la regarde et ses yeux questionnent: «Pourquoi es-tu si belle? Que veux-tu exactement?» -- «Rien, répond-elle à la question qu'il ne lui a pas posée. Je ne veux rien et, contrairement à ce que tu peux penser, c'est tout à fait dans l'ordre des choses de ne rien vouloir.»


Stefan Psenak, Du chaos et de l'ordre des choses, Éditions du Nordir, collection Bibliothèque canadienne-française, 2000, p.38

23 juillet 2007

C'est tout (pages 50-51)

Je ne ferai plus rien pour res-
treindre ou pour agrandir ta vie.

silence.

Viens dans mon visage.

Silence.

Je vous aimerai jusqu'à ne pas vous
abandonner.

Silence.

Vous êtes nul. Rien. Un double zéro.

Marguerite Duras, C'est tout, P.O.L éditeur, Paris, 1995, p.50-51

21 juillet 2007

C'est tout (page 49)

Le 21 juillet.

Viens.

Je n'aime rien.

Je viendrais autour de toi.
Viens à côté de moi.
C'est tout.

Je veux être à l'abri de ça.
Viens vite me mettre quelque part.

Marguerite Duras, C'est tout, P.O.L éditeur, Paris, 1995, p.49

20 juillet 2007

C'est tout (pages 47-48)

Le 20 juillet, Neauphle, l'après-
midi.

Les baisers de vous, j'y crois

jusqu'à la fin de ma vie.

Au revoir.
Au revoir à personne. Même pas à
vous.
C'est fini.
Il n'y a rien.
Il faut fermer la page.
Viens maintenant.
Il faut y aller.

Temps. Silence, et puis.

Il serait temps que vous fassiez
quelque chose. Vous ne pouvez
pas rester à rien faire. Écrire peut-
être.

Marguerite Duras, C'est tout, P.O.L éditeur, Paris, 1995, p.47-48

19 juillet 2007

C'est tout (page 45)

Samedi 8 juillet, 14 heures, à Neauphle.

Je n'ai plus rien dans la tête.
Que des choses vides.

Silence, et puis.

Ça y est.
Je suis morte.
C'est fini.

Marguerite Duras, C'est tout, P.O.L éditeur, Paris, 1995, p.45

18 juillet 2007

C'est tout (page 44)

Dans l'avenir je ne veux rien.
Que parler de moi encore, touj-
jours, comme une plate-forme
monotone. Encore de moi.

Marguerite Duras, C'est tout, P.O.L éditeur, Paris, 1995, p.44

17 juillet 2007

C'est tout (pages 38-39)

Le 13 avril.

Toute une vie j'ai écrit.
Comme une andouille, j'ai fait ça.

C'est pas mal non plus d'être
comme ça.
Je n'ai jamais été prétentieuse.
Écrire toute sa vie, ça apprend à
écrire. Ça ne sauve de rien.

Marguerite Duras, C'est tout, P.O.L éditeur, Paris, 1995, p.38-39

16 juillet 2007

C'est tout (pages 36-37)

J'ai une vie maigre maintenant.
Pauvre
Je suis devenue pauvre.
Je vais écrire un texte nouveau.
Sans homme. Il n'y aura plus rien.
Je suis presque plus rien.
Je ne vois plus rien.
C'est encore le tout, longtemps,
avant la mort.

Plus tard.

Il n'y aura pas de dernier baiser.

Plus tard encore.

Il ne faut pas vous en faire pour
le fric.

C'est tout.
Je n'ai plus rien à dire.
Pas même un mot.
Rien à dire.
Allons faire cent mètres sur la route.


Marguerite Duras, C'est tout, P.O.L éditeur, Paris, 1995, p.36-37

14 juillet 2007

C'est tout (pages 28-29)

Le 3 janvier, rue Saint-Benoît.

Yann, je suis encore là.

Il faut que je parte.
Je ne sais plus où me mettre.
Je vous écris comme si je vous
appelais.
Peut-être pourriez-vous me voir.
Je sais que ça ne servira à rien.

Marguerite Duras, C'est tout, P.O.L éditeur, Paris, 1995, p.28-29

13 juillet 2007

C'est tout (page 10)

Y.A.: Et le paradis, vous irez?
M.D.: Non. Ça me fait rire.
Y.A.: Pourquoi?
M.D.: Je ne sais pas. Je n'y crois pas du tout.
Y.A.: Et après la mort, qu'est-ce qui reste?
M.D.: Rien. Que les vivants qui se sourient, qui se souviennent.

Marguerite Duras, C'est tout, P.O.L éditeur, Paris, 1995, p.10

07 juillet 2007

Il vaut mieux parler de rien

J'écris, mais je ne veut pas parler de quoi que ce soit. Il ne faudrait surtout pas que je tombe dans ce piège. En effet, si je me mets à parler de quelque chose, il faudra le jusitifer, et je ne veux surtout pas avoir à le faire. Si je parle d'une chose ou d'une autre, on me posera le problème de tout ce dont je n'aurai pas parlé. Ainsi, il vaut mieux parler de rien. Voilà, comme ça c'est simple. Non, pas vraiment, mais en tout cas, on ne se perd pas en variations, c'est toujours un peu la même chose. Ce rien devient une sorte de réconfort, une continuité, une ligne du temps. L'objet même du discours n'ayant rien comme contenu passe toujours, en coup de vent. Rien, c'est toujours ça.

01 juillet 2007

Je ne fête rien.

En ce premier juillet, je ne fête rien.


Comme dirait mon frère David: «Je suis rien dans quelqu'un»